La violence
Retranscription de la discussion autour de la question :
« La violence est-elle inhérente à l’homme ? »
Participants : professeurs des écoles inscrits au stage "l’oral en SEGPA".
Cette question a été choisie par le groupe après la lecture d’un passage du roman « Mischa » de N.Côté et M.Sasseville (p66 à 70), conformément à la méthode de Matthew Lipman…
L’homme est-il par nature violent ou le devient-il au cours de son existence ?
Qu’est-ce que la violence ? Est-ce que c’est un comportement qui caractérise l’homme ?
Il faudrait sans doute s’entendre sur ce que l’on appelle violence : ce qui est vécu comme violent aujourd’hui ne l’était pas forcément à d’autres époques de l’histoire ou dans d’autres civilisations. Il y a ainsi une relativité importante quant à la perception de la violence.
Oui ! Cela semble évident : la violence est inhérente à l’homme ! On peut d’ailleurs observer un parallèle étonnant entre l’histoire d’un homme et celle de l’humanité, entre le déroulement d’une vie et l’accomplissement d’une société…
Peut-on réellement dire que la violence est inhérente à l’homme ? Ne devrait-on pas plutôt dire qu’elle est inhérente à la situation d’un homme en particulier ? C’est la situation d’un homme qui détermine sa violence et non le fait qu’il soit humain…
De tout temps, les civilisations ont été obligées de recourir à la violence pour survivre…
En fait, la violence est présente partout, que ce soit dans le règne animal ou chez l’homme : il n’y a pas d’animal non-violent ; le seul être capable de non-violence est l’homme justement, parce que c’est un être pensant et qu’il peut ainsi agir sur ses pulsions.
Il faudrait revenir à la définition de la violence : la violence, c’est surtout lorsqu’on empiète sur le territoire de l’autre pour le déposséder, et cette intrusion dans son territoire peut-être vécue comme un viol… Si la violence existe, c’est sans doute à cause du monde : dans un monde parfait, la violence existerait-elle ?
Mais, au fond, la violence est-elle forcément négative ?
La parole aussi peut être le véhicule de la violence et, paradoxalement, la non-violence peut être perçue comme un acte de violence…
On peut aussi se poser la question de savoir si une civilisation évoluerait si elle n’était pas confrontée à la violence ? Est-ce que ce ne serait pas, en fin de compte, une forme de régulation ?
A la question « La violence est-elle forcément négative ? », on peut répondre oui d’une manière absolue parce que la violence est toujours une dépossession.
Parfois la violence est une nécessité.
Les mots peuvent faire mal et quel intérêt y a-t-il à toujours se maîtriser ?
Il semblerait tout de même que l’on évoluerait mieux dans un pays en paix que dans un pays en guerre…
Peut-être, mais n’empêche qu’un temps de paix, ce n’est jamais qu’un moment entre deux guerres !
Il existe pourtant une expression où la violence est positive : « se faire violence »…
Chez les animaux, la violence est toujours en réponse à une situation : elle n’est jamais, ou alors très rarement, gratuite… Si justement l’homme est un être pensant, c’est qu’il doit être capable de trouver d’autres réponses aux situations que la violence.
Jean-Jacques Rousseau disait que l’homme naissait naturellement bon et que c’était la société qui le pervertissait…Mais non, absolument pas, l’homme n’est pas naturellement bon, c’est seulement grâce à l’éducation qu’il peut devenir bon…
Les animaux ne sont violents que pour se protéger ou pour se nourrir alors que l’homme est capable de commettre des violences terribles sans raison aucune, surtout si l’on songe aux génocides et aux tortures commises à ces occasions…