Sur le pavé parisien
Hier, à la manifestation partie de la Place d'Italie...
Les jeunes sont en tête de cortège et il y en a beaucoup, vraiment beaucoup, et ça fait plaisir de voir toute cette jeunesse qui proteste contre la société de merde (où tout est marchandisé, tout est publicité, tout est rentabilisé, tout est mensonge et où l'argent tient lieu de seule morale)...qu'on veut lui imposer... Une véritable marée humaine : lycées, facs, classes prépas... Même les grands médias officiels reconnaissent que c'est la plus forte mobilisation de ces vingt dernières années...
Après les élèves, il y a les syndicats, les fédérations, confédérations, les groupements, les camionnettes sono qui scandent les slogans. Il y a déjà belle lurette que le début du cortège est arrivé Place de la République quand FO qui est en en queue avec la CNT juste derrière démarre enfin de la Place d'Italie. Les gens ont un sentiment de victoire :
"Trois millions ! Les radios annoncent trois millions de personnes dans la rue en France !"
se dit-on d'un groupe à l'autre...
Les derniers sont arrivés place de la République. Enfin, pas tout à fait, car les manifestants ont été dirigés vers la droite sur la rue Oberkampf, juste avant le cirque d'Hiver. On leur donnera l'ordre de se disperser à la hauteur du métro "Filles du Calvaire". Des rumeurs courent dans la foule qu'il y a de sérieux affrontements sur la Place de la République. D'ailleurs, celle-ci est entièrement bouclée peu après par les forces de l'ordre.
Premiers jets de grenades lacrymogène. Les manifestants, écharpes sur le nez, refluent sur le boulevard du Temple. Les canons à eau, sur la place assiégée, ne vont pas tarder à entrer en action pour disperser la foule. Il faut préciser que ce ne sont pas des casseurs, juste des jeunes en colère, qui en ont assez de l'autisme d'une société qui leur réserve un bien mauvais sort.
La nuit est définitivement tombée maintenant. Les derniers irréductibles sont complètement encerclés par une véritable armée de CRS, hués par tous les jeunes regroupés autour de la place. Sarkozy est venu faire un petit tour, escorté par une meute de journalistes, en se tenant bien sûr soigneusement à l'écart du centre des opérations.
La nasse se referme insensiblement mais sûrement...
Les premières interpellations : les jeunes sont tirés hors du cercle et on leur lie les mains dans le dos avec des sortes d'attaches rapides en plastique, du genre de celles qu'on utilise pour maintenir serré ensemble un faisceau de fils électriques.
Les autres hurlent, en coeur : "Libérez nos camarades !Libérez nos camarades !"
Je suis parti à ce moment-là : il était environ 22 heures et le calme était presque revenu. Jusqu'à la prochaine fois.