Au salon du livre
Cet après-midi, je suis allé au salon du livre pour assister au débat au Studio de Radio France auquel participait l'un de mes amis, Gilles Geneviève, (à droite sur la photo).
A gauche et de dos, Michel Onfray, en face de lui Luc Ferry et Anissa Castel-Bouchouchi. Si j'y suis allé, c'est surtout parce que le thème au programme du débat m'est particulièrement cher :
- Peut-on philosopher avec des enfants et des collégiens?
- Peut on faire aimer la philosophie bien avant la classe de terminale ?
Mais quelques instants après le début de l'émission, le plateau est envahi par des étudiants qui veulent prendre la parole et s'exprimer contre le CPE. Il s'ensuit quelques moments d'une exceptionnelle intensité où Jean-Pierre Guéno fait tout ce qu'il peut pour calmer les intervenants qui se sont invités en dernière minute. L'incertitude plane sur la poursuite du débat, surtout quand Luc Ferry leur fait remarquer que s'ils se trouvaient en Chine, ils auraient été évacués dans les trois minutes par la police et qu'ils risqueraient plusieurs années de prison pour un tel coup d'éclat... Des femmes dans le public frisent l'hystérie en leur criant : "enfants gâtés ! Sortez ! Quittez le plateau ! Un peu de respect ! On est venu de loin !"
Là, c'est franchement devenu houleux, avec des échanges peu amènes entre étudiants et public, et puis, finalement, Jean-Pierre Guéno trouve le bon argument : les jeunes, dans l'intérêt de leur cause, feraient bien d'écouter la suite, surtout ce que va dire Michel Onfray, qui n'est peut-être pas du même avis que Luc Ferry...
En effet, très habile, Michel Onfray retourne très vite la situation, en suscitant les applaudissements des étudiants et d'une partie du public, sans déchaîner bizarrement les protestations et la colère des plus excités de l'assistance. La foule, quelques secondes auparavant très hostile, semble maintenant acquise à la légitimité de la protestation. La foule a toujours été versatile mais c'est quand même du grand art... Luc Ferry traite Michel Onfray de démagogue : la tension s'est déplacée et du coup le débat a pris son essor. Il s'est poursuivi ensuite normalement, sans autre interruption, et sans apporter d'ailleurs d'éléments très nouveaux, à part peut-être la confession finale de Luc Ferry sur l'impuissance de l'homme politique d'aujourd'hui dans un monde fou que plus personne ne peut encore maîtriser, même les dirigeants. La machine s'est emballée et on ne sait plus comment reprendre le contrôle. Je l'ai trouvé à cet instant précis terriblement sincère et ce qu'il a dit là, j'en avais la très nette impression depuis longtemps.
Personne n'ose l'avouer. Mais on en est là. Une fin de régime... La mort d'une époque... Et quoi ensuite ?
Vous pourrez l'écoutez sur le Web de Radio France, quand il sera monté et mis en ligne.
On sait que plus rien ne va, mais que faire ? J'en parlais justement ce jour-là...